dimanche, janvier 02, 2005

Mais voir un ami mourir...

J'ai eu un ami. Un.

Ça n'enlève rien à ceux qui ont suivi.

Mais j'ai eu un ami. Un seul. Un profond. Un total.
Un peintre. Un écrivain. Un mal à l'aise avec la vie.
Qu'il s'est enlevée. Qu'il est allé noyer à Ostende.
Il y a, déjà, une bonne douzaine d'années.

Il s'appelait Pierre.

Il m'a montré Pollock, il m'a appris Cézanne.
Il m'a surtout dépeint la vie.


La Ste-Victoire: Atelier Cézanne

Il nous a filé entre les doigts,. Nous, deux/trois amis proches.

J'ai pleuré. J'ai engueulé. J'ai fini par fermer ma gueule.



Si,
si t'avais dit
si t'avais pu
si j'avais vu au bon moment
toutes ces larmes que tu n'pleurais plus
auraient du m'dire depuis longtemps
qu'il était temps.

Si,
si ce soir là,
tu m'avais eu
t'avais pas fui sur quelques mots
pourriraient pas au fond d'ma peau
ceux qui riment trop avec ta mort
comme mes remords....


Si,
t'avais gémi
t'avais appelé
j't'aurais hurlé t'as mal compris
quand tu t'déchires de s.o.s.
c'est des bouteilles , pas tes vieux os,
qu'tu lances à l'eau...
salaud...


Si,
j'pouvais t'prouver
j'pouvais t'montrer
toute la beauté qu'tu m'as donnée,
entr'nous y'avait qu'des portes ouvertes
comment t'raconter toute la perte
que j'ai d'les voir toutes refermées...


The deep: Jackson Pollock

Ironie.. Il m'a présenté à la plus belle toile qui soit. Et c'est lui qui est parti dedans...



5 Commentaires:

Blogger marie deschênes a répondu...

certaines personnes ont le regard tellement nu

à toucher de si près
de telles profondeurs
de tels abîmes
de telles cimes
la beauté
il arrive parfois qu'on s'y engouffre
tout entier aspiré
par cette beauté

devenir lumière
parmi la lumière

7:01 a.m.  
Blogger Bertrand a répondu...

Pierre s'est brûlé les yeux
à la lumière trop vive
des beautés qu'il cherchait avidement.

Aveugle, il s'est laissé couler
dans le noir qui envahissait peu à peu
ses toiles et ses mots...

J'espère seulement que de l'autre côté
il y avait pour lui
une douce brise
pour lui baigner les yeux
et lui rendre la lumière.

12:07 p.m.  
Blogger Lagreff a répondu...

J'écris parce que je chante mal, comme dirait l'autre. Et pourtant, en te lisant, au fur et à la mesure, je l'ai chantée ta chanson, en fredonnant mon air à moi, puisqu'on a tous à fredonner : celui des amis perdus, des parents perdus, des perdus qu'on aurait pu avoir comme amis ou parents.
Belle chanson de toutes les sauces, condiments amers, mais qu'on chantera en se sachant vivant, en pensant à eux...

7:24 a.m.  
Blogger Bertrand a répondu...

tu chantes juste Lagreff...

8:29 p.m.  
Blogger Bertrand a répondu...

Encore une fois, un texte juste. Honnête.

Un aveu.

Une volonté de vouloir.

Mais qui es-tu pour m'écire de la sorte?

Pour me suivre pas à pas dans la douleur?

9:28 p.m.  

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