Agora
j'écoutais la radio, quand je voulais voir quelque chose, j'allumais la télé.
Et que si je voulais comprendre, je lisais.
Bien sûr je simplifie, mais l'essentiel de l'idée, c'est qu'il faut diversifier ses sources.
En Amérique du Nord, 90% des gens prennent 90% de leur information à la télévision... Je ne sais plus d'où je tiens ce chiffre, mais il a quelque chose d'effarant. Pas seulement à cause de ce que ça peut impliquer pour la lecture dans notre bas monde, mais parce que la télévision n'est pas un médium d'information!
C'est un médium d'émotions.
Ça ne lui enlève en rien la capacité (lorsque bien faite) d'être un formidable véhicule de compréhension des choses. L'impact d'une image, vous voyez? Mais il faut toujours garder en mémoire qu'en 1 minute 40 secondes... (temps moyen d'une nouvelle) on coupe les coins passablement ronds. Même lorsqu'on a 3, 5 voire même 20 minutes pour raconter, bien des nuances "sautent" au montage.
Il y a 50, 80 ans, les gens se rencontraient sur la place du village (ou le perron de l'église) pour échanger les nouvelles, se brancher sur leur milieu, discuter. Leur "agora" (la place publique des Grecs anciens) était tangible, vivante. S'il y avait désaccord, l'opposition était sentie en direct, par tous les acteurs à la fois, tant ceux qui "émettaient" que ceux qui "recevaient" l'information. Notre agora est peut-être devenue planétaire, mais elle a perdu en réelle proximité.
Elle a perdu aussi un certain impact humain.
Aujourd'hui, on peut très facilement entendre qu'il y a eu 63,000 morts causé par un tsunami, entre le fromage et le dessert... et digérer en paix. Un peu buffet froid, vous ne trouvez pas? Bien sûr, on peut aussi plaider l'inverse. Que l'émotion causée par des images terribles permet souvent de générer de formidables mouvement de soutien.
Ben justement... C'est l'émotion qui fait ça... Le médium d'émotion.
Deux autres petites choses. J'en ai un peu marre (et ce n'est pas parce que je le "prends personnel") d'entendre que c'est toujours la faute aux médias. Pas seulement quand ils rapportent quelque chose (ou n'en parle pas), mais aussi quand il est question de leur qualité. J'ai toujours pensé que la responsabilité de ce qui était offert en informations (ou en d'autres domaines) était partagée entre celui qui émet et celui qui reçoit. C'est bête à dire mais, si Le Devoir vend 30,000 copies et le Journal de Mourrial 1 million, c'est pas de la faute du Devoir... Mais plutôt, à ceux qui achètent. Si demain matin (et pendant quelques temps disons) le million en question se met (pour rire) à plutôt acheter Le Devoir, ce ne sera pas long que Star Académie va débarquer de la Une du Journal.... Si vous me suivez...
L'autre réflexion, bien que je sois bien trop nouveau "blogueur" (bloguiste?) pour en juger encore, c'est tout un phénomène d'agora que ce "bloguage" mondial... On n'est pas revenu au perron d'église mais le ton se rapproche plus de l'échange que de la prédication en chaire.
À défaut de chair. Ou d'os.
Photo 1,2,4: Musée de la Télévision
Photo 3: Radio-Canada
Ah, ah! J'avais pas lu ce post. Euh, ah, cool, c'est ce que je m'évertuais à dire dans les post-conclusions de ma maîtrise. Et que je pensais dire dans un livre que je devais écrire, mais que je n'ai jamais écrit! euh, c'est ça, on peut pas tout faire.
On se connaît trois semaines trop tard, je t'aurais invité dans ma classe à l'uqam, mon dernier cours étaient sur ça justement, l'Image. Hey ben!
Euh, je continue par e-mail, je pourrais écrire 100 pages là-dessus! Ce qui reviendrait à écrire le livre que je devais écrire et que je n'ai jamais écrit... mais bon!