mardi, décembre 28, 2004

En avant-avant-très-avant-première...

Ah! 2004 aura eût au moins le mérite de me voir enfin passer aux actes... littéraires. Depuis plusieurs mois je mène quelques projets de front, que j'ai bien l'intention de tester auprès d'un éditeur dans un avenir pas trop loin de chez vous. Parmi eux un récit (vécu) dont, découvrant les joies du blog, je ne peux m'empêcher de vous présenter quelques lignes. Ce n'en sont pas les meilleures, et il reste tant de travail à faire. Disons que c'est pour le plaisir de la chose...


(L'extrait commence lors de ma première nuit au Sinaï - j'y ai vécu un an- au pied du Monastère Ste-Catherine...)

"… La lumière bleue-lune joue avec les divers gris des rochers et le jaune des pistes de sable. Encastrées aux pieds des montagnes qui nous entourent presque complètement, les murailles du monastère ont l'air serties dans une bague géante. Pas un souffle de vent dans cette nuit tiède. Féérie, c'est le seul mot. Je ne sais lequel d'entre nous a l'idée, mais nous sommes plusieurs à y applaudir. Au cours des siècles, les moines orthodoxes ont construit à même la paroi, un escalier invraisemblable qui mène au sommet du Mont Moïse, celui-là même où le-dit Moïse aurait reçu les Dix Commandements des mains même de Dieu. Trois mille cinq cent cinquante marches grossières, dont la hauteur varie parfois de quelques centimètres à un mètre et demi…

Qu'importe, l'idée est de profiter de cette lune puissante pour gravir le sommet et assister au lever du soleil. Personne n'a envie de dormir, et la nuit est magnifique. À part quelques endroits un peu délicats à négocier, l'ascension se fait sans réel problème. Un peu plus de trois heures pour atteindre le sommet. Nous sommes deux mille deux cent mètres au-dessus des oueds, ces immenses vallées creusées par les "quick flood", ces torrents dévastateurs qui ne se produisent que très rarement. Ici, la pluie peut être absente pendant des années. Mais lorsqu'elle frappe, le sol ne retient aucune eau. Et ce sont des fleuves tout aussi soudains que déchaînés qui drainent de véritables trombes d'eau jusqu'à la mer, creusant sur leurs passages des vallées tordues et grandioses. Tout en haut, fragiles et très anciennes, deux constructions occupent une partie du sommet. Une toute petite chapelle chrétienne et une mosquée minuscule.






Même de nuit, le spectacle est grandiose. Je suis assis en tailleur, tout au bord du précipice. De mon aire, je peux voir des kilomètres à la ronde. Je me sens, comment dire, tellement là. Branché. Comme si la vie de la planète tout entière me passait à travers le corps. La vie? Dans un désert? Elle est pourtant là, plus puissante, plus présente qu'à aucun autre moment de mon existence. Rien dans mon souvenir, ni la mer démontée, ni les plus féroces tempêtes de neige de mon enfance ne soutiennent la comparaison. Et puis dans ce non-bruit absolu, un faible son, un écoulement à la limite du perceptible, mais bien réel. En fait, je découvre pour la première fois ce fameux silence du désert, si parfait que je suis tout simplement en train d'entendre le bruit de mon propre sang qui me coule dans les veines.

Et là, dans cet univers où rien ne bouge, où rien ne bruit, dans cet absolu moment de paix, quelque chose… Une infime sensation. Une voix, à la fois puissante et à peine audible. Je tends l'oreille, j'en cherche la provenance.
Mais ça ne vient pas d'un endroit en particulier. Ça vient de partout. De nulle part. C'est partout autour de moi. En moi. Des pensées, des mots.. Non. Des réponses. Parfaitement claires. Articulées, prononcées, comme si quelqu'un ou quelque chose me parlait avec ma propre voix. Je n'ai pas ouvert la bouche. Je suis seul, je n'entends même pas les autres là-bas.

J'entends des voix? ..."



(Photos et illustrations tirées de: "Géographica" et du Club des 5" ")












"Si on oublie le passé, on ne peut comprendre le présent.
Encore moins appréhender le futur."
B.H.

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