dimanche, janvier 30, 2005

Cohérences

Est-ce cette foutue douleur qui me ronge, m'épuise et m'exaspère depuis des semaines ? Peut-être. Une chose est sûre, ma tolérance à l'incohérence s'apparente beaucoup au niveau des réservoirs d'Hydro-Québec l'an dernier, i.e. dangereusement bas.

Ne vous méprenez pas. Je revendique (et reconnaît à tous) le droit d'être une chose et son contraire. Être une véritable "contradiction sur deux pattes" est non seulement inhérent à la nature humaine, c'en est aussi un des plus formidables ressorts, voire une source parfois de sa précieuse magie.

Ce qui est moins acceptable, c'est de tenir un discours et ne pas vouloir voir (encore moins admettre) que les gestes posés sont contraires. Et il y a pire. Confondre culpabilité et responsabilité.

L'actualité (entendre les nouvelles de ce monde) en fournit des exemples en assez grand nombre pour nourrir 20 chaînes d'information continue. Mais, ce ne sont pas ceux qui m'atteignent le plus. Ni auxquels je pense ici.

Ces derniers temps autour de moi, j'ai entendu proclamer, s'Indigner, juger ou sous-entendre. J'ai surtout vu projeter. De soit-disantes lucidités qui s'arrêtent trop souvent au seuil même de celui ou celle qui les professent haut et fort. Ayez le malheur de noter la chose, et vous ressentirez toute la force de la fameuse phrase: "don't kill the messenger"..Quand vous n'aurez pas droit à une re-lecture hallucinante (et hallucinée) de vos propres mots. Avec en prime, l'accusation d'être vous, ce que vous venez de voir…

Très souvent, ces aveuglements plus ou moins involontaires ont comme sources (où génèrent, tel le serpent qui se mord la queue) des lacs souterrains de sentiments coupables.

Mais se sentir coupable est le choix de la voie facile. Être responsable de ses gestes (autant que de ses mots) est plus exigeant.

Faillir lorsqu'on admet (et prend) sa responsabilité, n'a rien d'un péché coupable. L'erreur est notée, comprise au mieux, et si elle se répète ce sera de moindre façon et ainsi de suite jusqu'à ne plus se reproduire.

Préférer se faire croire, fermer les yeux, s'excuser, trouver le bon bouc, le "il", le "elle", les "eux" , fuir son regard intérieur, avoir peur de sa peur, crée autant de couches soit-disant protectrices qui se superposent sur le lit de l'âme et y pourrissent lentement. À en contaminer sa propre fibre.

Avec (Ô paradoxe) comme "effet secondaire" de rester immobile, comme en hypnose, devant son propre nombril.

Alors, il n'est plus possible de parler franc, Direct. Simplement. On louvoie, ménage, contourne, évite, sans jamais aller au bout des choses. Ni avec les autres, ni avec soi-même.

Nous sommes responsables de ce que nous sommes. Pas coupables.
Et la première (et la plus grande) de nos responsabilités, c'est de les prendre.

Et d'oser s'en parler.

(N.B. Ce texte est une réflexion personnelle, ouvert à la discussion. Il n'a pas été voulu et n'est d'aucune façon une "lettre" envoyée à une ou des personnes en particulier. Je refuse de laisser utiliser mon site comme "lavoir" de linge sale de qui que ce soit. Et je suis désolé de devoir dire que j'enlèverai tout commentaire transgressant cette note. Malheureusement, des limites doivent être imposées à ceux incapables de se les imposer eux-mêmes.)

Miaou!

"Si on oublie le passé, on ne peut comprendre le présent.
Encore moins appréhender le futur."
B.H.

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