samedi, janvier 15, 2005

La question de ma mère

Il est né le même jour que Galilée. Il dirige la chaire que dirigeait Newton à Cambridge (UK). Et il est en train de corriger les thèses d'Einstein...

Accessoirement il est atteint de la maladie de Lou Gherrig qui tue normalement en 5 ou 6 ans.. Lui, ça en fait plus de quarante qu'il refuse de la laisser gagner.

C'est d'ailleurs ce qui m'a le plus bouleversé lors de cette entrevue faite avec lui en '95, dans son minuscule bureau de cette université plusieurs fois centenaire. Il donne l'impression de s'accrocher à la vie par les pupilles, petits points noirs contractés à l'extrême par la médication. Regard qu'il darde en vous littéralement, quand son ordinateur vocalise la réponse qu'il a écrite péniblement d'un seul doigt.
Steven Hawkins n'a que ça pour communiquer en direct, un doigt. Sur l'écran de son ordinateur défile en permanence un dictionnaire. Mots, verbes conjugués etc. Il les "pêche" un par un, d'un clic de souris et les dépose en bas d'écran pour former ses phrases. Quand il a fini, re-clic, la voix métallique du vocalisateur remplace la sienne qu'il a perdu depuis longtemps...

J'ai passé cinq heures avec lui, interrompu une fois par une crise d'étouffement où j'ai bien cru avoir achevé à coup d'éclairages brûlants, le génie du monde actuel...

L'entrevue montée et diffusée durait 12 minutes.

Hawkins cherche à unifier les deux théories physiques parfois contradictoires de l'infiniment petit et de l'infiniment grand. Il m'a dit qu'il croit qu'elle doit être au fond tellement simple "que n'importe quel chauffeur de taxi va la comprendre."

Il calcule comment au Big Bang, succèdera le Big Crunch.

Avant mon départ, ma mère m'avait suggéré une question pour lui. Elle était fâchée de ce qu'une fois à Rome, pendant un congrès d'astro-physiciens, le Pape Jean-Paul II (Djipitou pour les intimes) avait félicité Hawkins "pour son beau travail" mais l'avait exhorté à ne pas étudier le Big Bang qui était, disait-il, "le moment de Dieu". Maman voulait savoir ce qu'Hawkins en pensait...


Assis à côté du savant, je pouvais voir les phrases qu'il formait mot par mot. À cette question, j'ai vu les mots suivants s'inscrire en bas d'écran: "I think Church should mind it's own..."
Le prochain mot allait être clairement... "businness".


Hawkins s'est arrêté, m'a regardé et a effacé la phrase.

Et à toute vitesse (vitesse toute relative bien sûr) il a écrit (Traduction):
"Je crois que l'Église devrait être prudente lorsqu'Elle parle de Science. Sinon Elle risque de se retrouver avec les mêmes problèmes qu'Elle a eu avec Galilée."

Très "camera conscious", Hawkins a attendu la fin de sa phrase vocalisée, pour se retourner lentement vers la caméra avec un immense sourire....


7 Commentaires:

Blogger Catherine a répondu...

Je suis émue...
Quand tu racontes des souvenirs comme ceux-là je ne me sens pas le droit de répondre, il y a une athmosphère très intime, très intense dans ces moments qui ne me donnent pas le droit de renchérir... À travers lequel je ne me donne pas le droit de renchérir.
Intimidante intensité je dirais.
C'est bien pour me parler de Steven Hawkins qu'on devait prendre un chocolat chaud? Maintenant je vais y réfléchir dans tous mes silences repesctueux.
Et comme on a plus rien à se dire on peut annuler le chocolat chaud ;o)

12:12 p.m.  
Blogger Bertrand a répondu...

Voyons... avec un peu d'imagination, je suis sûr qu'on trouvera d'autres sujets...

Je maintiens le chocolat chaud... :-)

12:31 p.m.  
Blogger Linda a répondu...

Dieu a tellement éternué ce jour là (allergie à la poussière stellaire) que chacun peut émettre sa propre théorie sur le Big Bang sans avoir vraiment tort.

12:55 p.m.  
Blogger Patrick Dion a répondu...

Si l'Église pouvait enfin apprendre à intervenir quand ça compte pis fermer sa gueule quand c'est le temps, il n'y aurait peut-être pas eu autant de massacres, de génocides et d'atrocités inhumaines. Parlez-en aux victimes du génocide au Rwanda et de l'holocauste.

Pour certains, l'idée de remettre la responsabilité de certains faits historiques et/ou scientifiques entre les mains d'un autre est plus confortable. Faut toujours trouver des réponses à tout. "J'comprends pas ceci, ah, ça doit être de la faute à Dieu". L'être humain dans sa recherche de Dieu (ou appelez-le comme vous le voulez) se déresponsabilise constamment du sort de SA planète. Parce que ce qu'on ne connaît pas nous fait peur, vaut mieux blâmer quelqu'un d'autre.

Le monde serait peut-être un meilleur endroit si toutes les religions n'existaient pas !

2:10 p.m.  
Blogger Catherine a répondu...

Hey Patrick, je suis presque d'accord avec toi... :o). Bravo!!!
En fait je viens de réaliser que ton post Betrand est frère du mien ce matin.
Le problème avec la foi, c'est les énormités qu'on lui fait porter... ou dont on l'absout. Même chose avec la nature humaine (vous assistez à un drame humain, une agression et les témoins détournent les yeux en disant 'la nature humaine est tellement violente').
Arrggghhh... Et pour reprendre mon exemple de ce matin, les tsunamis, c'est la nature qui se venge...
J'aimerais juste qu'on m'explique pourquoi elle choisit toujours de se venger dans les coins les plus pauvres de la planète.
Et encore plus si c'est un acte de Dieu, là faudra qu'on m'explique sérieusement. Ça doit être à cause du tourisme sexuel... Dieu dans sa grande sagesse a décidé de punir la Thaïlande.
Bon, j'arrête! Parce que là je suis comme genre t'sé full en train de m'emporter.

2:18 p.m.  
Blogger Patrick Dion a répondu...

Le terme "acte de dieu" est un bon exemple de cette déresponsabilisation quand on y pense: C'est pas moi qui a fait ça, c'est Dieu. Sans penser deux secondes qu'on y est pt'être pour quelque chose dans notre façon de malmener la Terre !

2:55 p.m.  
Blogger Linda a répondu...

Si les religions n’existaient pas :
L’homme ne descendrait pas du singe.
La mémoire des civilisations ne se souviendrait plus de ses grands faits inscrits dans les bibliothèques des monastères, des synagogues et des temples (même embellie l’histoire a le mérite d’avoir été contemporaine) …
Les guerres de religions porteraient d’autres noms …
On ne pourrait plus colorer notre langage de blasphèmes…
On ne pourrait plus expliquer la mort aux vivants trop rationnels qui cherchent encore pourquoi on naît…
On inventerait autre chose pour continuer de dire qu’on manque de temps pour s’arrêter le dimanche, ou le samedi…à ce compte là, parlez-en aux poissonniers qui vous diront que les recettes du vendredi n’est plus une manne d’or…
Je sais, j’ironise, mais la religion est une invention de l’homme pour justifier l’injustifiable à ses yeux. Il aurait pu inventer pire, il aurait pu engendrer mieux mais il l’aurait fait. Tout n’est jamais blanc, ni noir avec l’homme, il faut composer avec le gris de ses matins et le blanc de ses nuits.
Et j’ai tort, je sais, même sans religions l’homme descendrait tout de même du singe!

6:51 p.m.  

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B.H.

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