mardi, avril 25, 2006

Blog, journalisme, nombrilisme et grattage de bobos...

Un reportage de ma collègue Émilie Dubreuil (auquel j'ai participé en tant qu'invité) a soulevé encore une fois une de ces montées de lait particulièrement peu éclairées (et si souvent mesquines) auxquelles les blogueurs nous habituent malheureusement, commentaires que l'on peut lire en particulier chez l'autre invitée de ce reportage. (Qui elle même fait preuve de pas mal plus de faculté d'analyse que ses lecteurs...)

Premier reproche fait au dit reportage? "Le blog c'est bien autre chose que ça..." Ah? Parce que vous pensiez qu'on peut résumer l'entièreté du phénomène en 11 minutes 45 secondes? On ne peut pas prendre ça tranche par tranche, angle par angle?

Deuxième reproche (je traduis): " Ce n'est pas du journalisme, c'est un éditorial, elle n'a gardé que ce qu'elle voulait entendre..." Etc... Ad nauséam... Je peux en tout cas témoigner que la substantifique moelle de ce que moi j'y ai dit, n'y a pas été trafiquée d'aucune façon.

Et vous me permettrez d'en avoir plus qu'assez d'entendre la horde des cocus(es) demander qu'on tire sur le messager plutôt que de discuter le bout de gras.

Je demande grâce aussi à l'avance à ceux qui n'auront rien d'autre à dire que je défend une collègue....

Mais de toutes façons le ridicule n'est pas là.

C'est que tout ce beau monde réagit exactement comme l'entendait le reportage. En piaillements de cour d'école. En déchirage de chemise sur la place moins pudique que publique.
En enfantillages. Et surtout pas en écoute, ni en compréhension de ce qui y a été dit.

Oh! Ça s'annonçait pourtant en frétillant à la veille de la diffusion. "Écoutez-moi je serai sur les ondes..."
Ici et et là.

Le lendemain, les dites ondes sont un peu moins glamour tout à coup.... Surtout quand on est obligé d'expliquer de façon un
peu facile, pourquoi en bout de ligne on a pas été retenu au montage final. C'est sûrement dû au préjugé de la reporter. Sûrement pas parce que l'entrevue donnée était.... disons pas aussi intéressante qu'espérée. Pour être poli.

Tout ces énamourés de la blogosphère n'ont fait que confirmer leur inconcevable et incalculable manque d'attention et de reconnaissance. Incapables de s'auto-analyser, de discuter de façon critique.

"Ce sont tous des cons, ils n'ont rien compris" résume en grande partie les réactions lues.
Genre comme...


Un des graves problèmes du blog que je découvre de plus en plus, c'est le manque total, absolu parfois de rigueur. On dit ce que l'on veut, on "carbure à l'émotion", mais on est incapable du minimum de respect, d'analyse, de vérification des faits, de sens critique, de tri des informations.. Toutes choses justement qui font partie intégrante d'une véritable démarche journalistique.

Et c'est bien à cause de ça, et non à cause du regard porté par des étrangers à cet univers, que le blog se réduit trop souvent à un pathétique (le mot n'est ni de moi ni de la journaliste) cri de solitude dans une mer de solitaires préférant l'inocuité de l'écran au choc du contact humain.

6 Commentaires:

Blogger Catherine a répondu...

Bah tu sais ce que j'en pense... T'as dû m'écouter à la radio ;o).

Mais je dirais que ce que je trouve le plus difficile dans ces débats-là - et oui je pense que toi et moi ont peut en parler et de l'intérieur (parce qu'on est loin de pouvoir dire qu'on s'est toujours exclus de ça!) et de l'extérieur (parce qu'on a au minimum cette capacité de recul qui ma foi fait défaut souvent par ici!) -, donc ce que je trouve le plus dur, c'est l'éclatement de la place publique.

Le débat se disperse. J'aime bien l'anglais, spreading. Donc on se retrouve avec 4, 5, 6 blogs ou notes où se poursuit le même débat et impossibilité de regrouper tous ces gens autour de la même information, dans un même lieu, pour discuter.

Ce faisant, on assiste à la reproduction des commentaires de gens «qui sont pas d'accord avec nous même s'ils ont pas écouté le reportage» et la difficulté à rester calme devant ce qui parfois ressemble à de la mauvaise foi. C'est une spirale de mécompréhension souvent.

Je trouve que ça démontre bien que plus d'information ne fait pas plus de démocratie. La multitude des espaces (le cas ici est un fait divers, entendons-nous, mais je pense que ça vaut à plus grande échelle) fait qu'il devient impossible de s'assurer de la qualité, de la quantité et de la diversité d'informations que se procure chaque intervenant. Ce faisant, on accumule surtout, les dialogues de sourd.

C'est pour ça que moi, le règne virtuel de la démocratie là, bof...

11:37 p.m.  
Blogger La Souris (Marie-Ève Landry) a répondu...

Constatant le «name dropping» dont vous avez fait preuve par le passé et dont vous faîtes encore preuve dans ce mémo, M. Hall, je vous rappelle que vous piaillez vous-même dans la cour d'école depuis un bout de temps, déjà!

3:56 p.m.  
Anonymous Anonyme a répondu...

Cher Monsieur,

Vous dites ceci: "Un des graves problèmes du blog que je découvre de plus en plus, c'est le manque total, absolu parfois de rigueur. On dit ce que l'on veut, on "carbure à l'émotion", mais on est incapable du minimum de respect, d'analyse, de vérification des faits, de sens critique, de tri des informations.. Toutes choses justement qui font partie intégrante d'une véritable démarche journalistique."

En somme, les blogs devraient être réservés aux journalistes et aux écrivains? À l'élite?

Ce qui me désenchante de plus en plus au Québec, c'est ce regard du parvenu économique ou intellectuel sur le pauvre ou sur l'ignorant.

Croyez-vous que ce soit en méprisant qu'on puisse faire évoluer des personnes?

Je crois sincèrement à la capacité d'évolution chez l'autre.

Il me semble que la cohérence oblige avant tout à une certaine tolérance, qu'en pensez-vous?

5:19 p.m.  
Blogger Bertrand a répondu...

Deux petits commentaires...

D'abord Marie-Ève tu n'as manifestement aucune idée de ce que veux dire l'expression "name dropping", mais sache que ça n'a rien à voir avec mettre un lien pour que tout un chacun vérifie...
(L'accusation au sujet d'un "passé" n'étant par ailleurs d'aucune façon étayée..)

Ensuite, pour le "courageux" anonyme... Il est évident que rien dans mon propos ne soutend que l'écriture est réservé à une catégorie de gens, et j'ai beau esayer de comprendre votre dernière phrase je n'y arrive pas... À part la rime facile, qu'est-ce que la cohérence a à voir avec la tolérance...?

9:47 p.m.  
Blogger La Souris (Marie-Ève Landry) a répondu...

Ma réponse te sera envoyée en privé, par courriel.

2:05 p.m.  
Anonymous Anonyme a répondu...

En défendant un certain humanisme en tant que journaliste, force est d'admettre que la cohérence exige de la tolérance... permettez-moi de mettre en doute cette dernière vertu chez vous.

Les rimes faciles, je n'en ai rien à foutre.

7:42 a.m.  

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Encore moins appréhender le futur."
B.H.

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