lundi, avril 04, 2005

Big Crunch

(Il y a près de trois mois, j'ai publié ici ce petit article. Au vu de l'actualité du moment, je me suis dit qu'il ne serait pas idiot de vous le reproposer. Disons que c'est mon modeste caillou dans l'Everest des commentaires sur le décès de JPII.)

La Question de ma Mère

Il est né le même jour que Galilée. Il dirige la chaire que dirigeait Newton à Cambridge (UK). Et il est en train de corriger les thèses d'Einstein...

Accessoirement il est atteint de la maladie de Lou Gherrig qui tue normalement en 5 ou 6 ans.. Lui, ça en fait plus de quarante qu'il refuse de la laisser gagner.

C'est d'ailleurs ce qui m'a le plus bouleversé lors de cette entrevue faite avec lui en '95, dans son minuscule bureau de cette université plusieurs fois centenaire. Il donne l'impression de s'accrocher à la vie par les pupilles, petits points noirs contractés à l'extrême par la médication. Regard qu'il darde en vous littéralement, quand son ordinateur vocalise la réponse qu'il a écrite péniblement d'un seul doigt.
Steven Hawkins n'a que ça pour communiquer en direct, un doigt. Sur l'écran de son ordinateur défile en permanence un dictionnaire. Mots, verbes conjugués etc. Il les "pêche" un par un, d'un clic de souris et les dépose en bas d'écran pour former ses phrases. Quand il a fini, re-clic, la voix métallique du vocalisateur remplace la sienne qu'il a perdu depuis longtemps...

J'ai passé cinq heures avec lui, interrompu une fois par une crise d'étouffement où j'ai bien cru avoir achevé à coup d'éclairages brûlants, le génie du monde actuel...

L'entrevue montée et diffusée durait 12 minutes.

Hawkins cherche à unifier les deux théories physiques parfois contradictoires de l'infiniment petit et de l'infiniment grand. Il m'a dit qu'il croit qu'elle doit être au fond tellement simple "que n'importe quel chauffeur de taxi va la comprendre."

Il calcule comment au Big Bang, succèdera le Big Crunch.

Avant mon départ, ma mère m'avait suggéré une question pour lui. Elle était fâchée de ce qu'une fois à Rome, pendant un congrès d'astro-physiciens, le Pape Jean-Paul II (Djipitou pour les intimes) avait félicité Hawkins "pour son beau travail" mais l'avait exhorté à ne pas étudier le Big Bang qui était, disait-il, "le moment de Dieu". Maman voulait savoir ce qu'Hawkins en pensait...


Assis à côté du savant, je pouvais voir les phrases qu'il formait mot par mot. À cette question, j'ai vu les mots suivants s'inscrire en bas d'écran: "I think Church should mind it's own..."
Le prochain mot allait être clairement... "businness".


Hawkins s'est arrêté, m'a regardé et a effacé la phrase.

Et à toute vitesse (vitesse toute relative bien sûr) il a écrit (Traduction):
"Je crois que l'Église devrait être prudente lorsqu'Elle parle de Science. Sinon Elle risque de se retrouver avec les mêmes problèmes qu'Elle a eu avec Galilée."

Très "camera conscious", Hawkins a attendu la fin de sa phrase vocalisée, pour se retourner lentement vers la caméra avec un immense sourire....

1 Commentaires:

Blogger Lumières a répondu...

Moment exceptionnel! :-)
Merci de le partager ici

8:31 p.m.  

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"Si on oublie le passé, on ne peut comprendre le présent.
Encore moins appréhender le futur."
B.H.

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