mardi, décembre 13, 2005

Majuscules

Encore une fois, voici un texte soumis au collectif d'improvisation écrite Coïtus Impromptus . Le grand plaisir pour moi dans cet exercice, c'est que je m'oblige à écrire ces textes vraiment en improvisant, et de façon la plus rapide possible. Quelques minutes pour trouver l'idée, une autre dizaine pour peaufiner.

Cette semaine, les textes devaient obligatoirement se terminer par:" étaient écrits en majuscules."

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Les premières lueurs de l'aube avaient réussi à se faufiler jusqu'à son visage malgré l'étroitesse du soupirail. La lumière (ou était-ce l'horrible humidité de sa paillasse?) la réveilla.

Percluse de froid, à moins que ce ne soit déjà de peur, elle s'arracha de sa couche pourrie. Chancelante, elle prit appui contre le mur. Un bref instant, la fraîcheur des pierres suintantes calmèrent un peu ses tempes fiévreuses.

Redressant la tête, elle regarda l'étroite ouverture au-dessus d'elle. Le désir de voir était plus grand que la terreur de ce qu'elle savait très bien se trouver au-dehors.

Avec frénésie, elle enroula le lit infect pour s'en faire un marche-pied improvisé.
Un élan lui permit d'agripper un premier barreau. Avec le peu de forces qui lui restait, elle parvint à se hisser juste assez pour regarder à l'extérieur.

D'une telle perspective, à hauteur de caniveau, la place du village semblait être tout entière occupée par le gigantesque amas de bois et de branches qui se dressait, sinistre, devant elle. Malgré l'heure matinale, déjà des badauds se pressaient cherchant les meilleures places, jaugeant en experts la distance parfaite pour bien voir s'en être incommodé, lorsque dans quelques heures, le feu serait mis au bûcher. Le bûcher de la sorcière. Son bûcher.

Au travers des larmes qui brouillaient son regard, elle leva les yeux vers le ciel.
Dans la brume montante, le soleil peignait sur l'horizon d'immenses flammes de lumière ardente.

Comme si dans le jour naissant, ses derniers tourments, sa propre mort programmée, étaient écrits en lettres majuscules.

"Si on oublie le passé, on ne peut comprendre le présent.
Encore moins appréhender le futur."
B.H.

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