mercredi, mars 02, 2005

Cohérences (2)

Il se dit, s'écrit, se transmet déjà beaucoup de choses (plus qu'à aucun autre moment de l'histoire de l'humanité), un peu partout. Livres, magazines, émissions télé ou radio, "chats", etc…

Auxquels s'ajoutent maintenant les "blogs", phénomène émergeant dont nous faisons trop partie nous-mêmes (vous êtes en train de lire ceci donc vous y êtes) pour être certain d'avoir, en temps réel, le recul nécessaire pour en jauger.

Mais quel que soit le pourquoi, l'intention, la bougie d'allumage, ce qui personnellement m'est indispensable c'est la cohérence du propos. Je le redis, on peut parfaitement être une chose et son contraire, l'important est de savoir l'assumer, d'être cohérent jour après jour, même dans ses propres doutes, voire même dans le fait d'endosser ses contradictions.

Je lis ici et là, je visite ou discute avec des gens dont les buts, les vies, les envies peuvent m'être très éloignés. Mais que je peux découvrir, rejoindre même, parce que leur fil se tient, leur quête est "honnête" dans le sens de: "je cherche vraiment, quitte à rebrousser chemin si je me trompe."

Toute cette immense "communion" d'idées, de sensibilités, d'expériences diverses, ne peuvent avoir de sens que si elle tend à être d'abord ça: "honnête". Ouverte. Se cacher derrière le virtuel ne peut de toute façon ne faire qu'un temps. Très vite "le jupon dépasse" ou si vous préférez, au bout de quelques échanges, le "fond" apparaît, que le leurre du virtuel ne peut plus (tout à fait) masquer.

Est-ce trop demander à ceux qui de passage réagissent à mes propos, d'en poursuivre la quête plutôt que de ramener la couverture sur leurs propres spirales?

De vouloir que le mouvement se fasse vers l'avant?

Que ce lieu d'échanges soit une gare, un carrefour, un lieu de départ, et non un piège à écho sans fin, nourris de questions auxquelles on n'ose peu ou pas répondre?

10 Commentaires:

Anonymous Anonyme a répondu...

Bertrand, votre billet contient beaucoup, beaucoup d'éléments qui méritent réflexion et qui pourraient entamer des discussions fort intéressantes. Pour l'heure, cependant, je retiens deux choses: l'honnêteté du discours et le détachement. Ce sont aussi mes préoccupations. Le monde cybernétique est paradoxal: on peut y être aussi nu ou aussi maquillé qu'on le veut. On peut être soi-même ou se créer un personnage imaginaire. On peut se confier à coeur ouvert ou dire n'importe quoi. Ce qu'on y lit est-il la vérité, une réalité? Doit-on, peut-on prendre "at face value", au premier degré ce qu'on lit? La cohérence, soit. Mais la cohérence est-elle vraie, sincère? L'honnêteté, la sincérité existent-elles dans le monde virtuel? Et le monde virtuel n'est-il pas une tranche de réalité? Où finit la réalité, la vraie vie? Où commence la virtualité? Hum... food for thought.

6:05 a.m.  
Anonymous Anonyme a répondu...

En arrivant en "ces lieux", furetant d'un salon à l'autre, j'ai eu une drôle de sensation les premiers jours; il y a peu d'autres lieux où l'on ne se présente que par son prénom afin de conserver sinon l'anonymat une forme de discrétion convenue. Les groupes de type "douze étapes" et les thérapie de groupe. Dans une autre vie, j'ai fréquenté l'un et l'autre afin de traverser différents sevrages. Les échanges et les commentaires en fin de page me rappellent étrangement nos rencontres autour d'un de café après "le travail". Je comprends ton appel à la cohérence et à l'honnêteté parce que nos écritures nous révèlent souvent de façon plus intime que la plupart de nos conversations même avec nos proches. Il y a une forme de générosité et de don de soi intrinsèque à l'acte d'écrire, ...enfin quand on essaie vraiment de dire quelque chose.

Mais comme dans tout collectif devant lequel on performe de la sorte, en mettant carrément ses tripes à l'écran, seule une cohorte sera véritablement touchée au-delà du simple divertissement. Et encore chez ceux-ci, certains y trouveront même une nourriture que vous ne vous doutiez pas avoir préparée.

Pour ma part, j'e m'efforce comme en tout commerce avec mes semblables de n'être jamais déçu de leurs limites ou incohérences. Le travail avec des personnes très lourdement atteintes de troubles mentaux a fini par désamorcé mes attentes et appris un début de détachement salutaire en milieu psychotique. Je crois que notre dérangement devant la difficulté de l'autre à communiquer avec une idéale cohérence exprime notre dépendance et ne vient nourir finalement que notre propension à être "déçu du monde". Et tout ça pompe finalement pas mal d'énergie... pourquoi s'agiter?

Ne perdons pas notre temps en désapprobations de toutes sortes. Contentons-nous de poser gentiment les limites de notre confort intime.

Concentrons-nous sur les contacts intéressants, stimulants et fournisseur d'énergie; nous savons les reconnaître d'instinct.

7:14 a.m.  
Anonymous Anonyme a répondu...

"Je comprends ton appel à la cohérence et à l'honnêteté parce que nos écritures nous révèlent souvent de façon plus intime que la plupart de nos conversations même avec nos proches. Il y a une forme de générosité et de don de soi intrinsèque à l'acte d'écrire, ...enfin quand on essaie vraiment de dire quelque chose."

C'est dans le "vraiment" que réside tout le noeud du problème virtuel. Il y a-t-il un vrai? Une fois cette question répondue, on peut se pencher sur le reste.

9:50 a.m.  
Anonymous Anonyme a répondu...

La question du vrai impose la question du faux et tout le "tribunal" de nos jugements qui s'ensuit.

J'ai envie d'éviter cette polarité contraignante pour parler plutôt de qualité de présence. Des gens viennent vous visiter; certains se contenteront des salutations d'usage, auront peu à dire, boiront votre vin ou vous en apporteront une bouteille, apprécierons les tableaux sur vos murs ou y seront indifférent, vous demanderont de vos nouvelles ou vous ignoreront presque.

Je crois que nous réagissons parfois fortement parce que le carnet personnel est un espace à soi, un territoire où nous agissons en proprio, quitte à vilipender le visiteur qui entre avec de la boue après les bottes.

10:12 a.m.  
Blogger Bertrand a répondu...

Ah...! Quel plaisir...
Voilà enfin ce que j'attendais de cet exercice qu'est pour moi ce site.

Une discussion ouverte, des esprits qui cherchent, des thèmes ardus mais fascinants...

En attendant de moi-même poursuivre la discussion, permettez-moi de vous remercier tout les deux pour ces commentaires, véritable cadeau de votre intérêt.

2:50 p.m.  
Blogger Catherine a répondu...

Excusez-moi, j'avais écrit un très long message qui vient d'être effacé (et il est dans votre droit de ne pas me croire).
Je disais bien des choses. Que je ne voulais pas m'étendre sur la question mais m'étendais tout de même.
Je dirai simplement Bertrand que nous avons déjà eu cette discussion sur la vérité en ces pages.
J'ajouterai la citation de Debord :le spectacteur n'est plus chez lui nulle part puisque le spectacle est partout.
Je concluerais en m'excusant de ne pas développer davantage même si votre échange est passionnant pour la simple et bonne raison que je ne blogue pas pour travailler. Il m'est toujours frustrant de devoir parler de philosophie dans une case réponse. Mais que pour moi la question de la vérité n'a rien à voir, que celle de l'intégrité est beaucoup plus porteuse, que celle de la cohérence me semble grandement problématique au plan philosophique puisqu'elle impliquerait qu'une démarche cohérente est nécessairement plus juste et porteuse de bien. J'ai connu des démarches cohérentes franchement réactionnaires, agressives et porteuses de rien du tout. La question doit donc être celle de l'intégrité (non de la vérité) et celle de l'ouverture et du dialogue (non celle de la cohérence). C'était ma seule et dernière intervention sur cette question. Je le répète ce n'est pas que je trouve ça sans intérêt, loin de là, mais je ne peux me résoudre à bloguer sur les sujets qui me font vivre.

3:27 p.m.  
Blogger Bertrand a répondu...

J'ose espérer qu'il n'y avait aucune allusion à un éventuel "effaçage" de ma part dans ce dernier commentaire.

Parce qu'il n'y en a eu aucun.Et je ne laisse personne libre de me croire ou non.

Je n'ai rien effacé. Point à la ligne.D'autre part, je crois qu'il est impossible d'atteindre "l'intégrité" sans cohérence. Ça me semble d'une telle évidence que je ne développerai pas.
Le reste n'est que jugement de valeur, et n'a rien à voir avec mes propos.

4:42 p.m.  
Anonymous Anonyme a répondu...

Serait-il possible que la "cohérence" du discours soit un faux débat? Dans le salon de Leblase (allez, je vous donne l'adresse parce que plusieurs articulent des réflexions similaires - il doit y avoir un besoin, une nécessité: http://leblase.net. Peut-être qu'à plusieurs têtes trouverons-nous un "filon d'or"), c'est exactement ce dont il se discute là maintenant depuis deux jours. Jusqu'où doit-on privilégier la cohérence du discours à son intégrité? Je pense aux Orateurs à qui on lançait un sujet, un thème comme on lance un os à un chien et qui le rongeait ad nauseam en vomissant des discours empreints de sophismes (pardon, ô mes Anciens). Le blabla pour le blabla, j'aime pas. Quand bien même toutes les règles de la rhétorique seraient remarquables, en bout de compte je me demande(non, pas que je cherch UNE vérité mais ce qui y ressemble): est-ce vrai?

7:07 p.m.  
Blogger Bertrand a répondu...

Peut-être aurais-je dû préciser ce que j'entendais ici par "discours".

Il ne s'agit pas que mots. C'est l'ensemble de "l'oeuvre" disons. Les mots, les gestes, l'évolution, la faculté d'intégrer de nouvelles notions.

La cohérence que j'appelais de mes voeux au fond est identique à la notion d'intégrité.

Être ce qu'on est, avec souplesse mais sans compromis sur la fibre première.

Mais je n'ai pas de vérité absolue à proférer à ce sujet non plus :-)

7:46 p.m.  
Blogger Catherine a répondu...

Je ne veux que mettre au clair que je n'ai jamais voulu sous-entendre que Bertrand avait effacé mon commentaire. C'est juste que j'avais écrit un commentaire qui a disparu lorsque j'ai voulu le publier. Comme ce genre de trucs m'arrivent constemment ces jours-ci, je ne voulais juste pas passer pour une fabulatrice.

11:36 p.m.  

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