L'anarchie, ce n'est pas le bordel....
Anarchie
par Louis Lourme
Du grec an- privatif et arkhé le pouvoir, l’autorité. Contrairement au sens que lui donne le langage courant, l’anarchie, comme théorie politique, n’est pas synonyme de désordre. Proudhon, le premier à s’en réclamer, anticipe d’emblée cette fausse représentation de l’idéologie anarchiste dans ce qu’il appelle sa « profession de foi » (Qu’est-ce que la propriété ?) : il écrit ainsi « quoique très ami de l’ordre, je suis, dans toute la force du terme, anarchiste » (cité par Guérin, 1999 (1970), I : 34). Mais si l’anarchiste peut se dire « très ami de l’ordre », certainement n’est-il pas un défenseur de l’ordre social établi qui correspond toujours selon lui à l’aliénation du plus grand nombre par l’élite dirigeante. De fait, à partir du XIXe siècle, l’anarchie désigne essentiellement un courant politique qui peut se résumer au seul refus de toutes les formes d’autorités, principalement politiques et religieuses. Ce refus se fait au nom de la revendication de liberté absolue pour l’individu – ce qui explique l’emploi du terme « libertaire » souvent employé pour « anarchiste ». Cette liberté qui doit rendre chacun, selon l’expression de Proudhon, « autocrate de lui-même », s’oppose frontalement à l’obéissance du citoyen exigée par le pouvoir politique, quelle que soit la forme de ce dernier.
par Louis Lourme
Du grec an- privatif et arkhé le pouvoir, l’autorité. Contrairement au sens que lui donne le langage courant, l’anarchie, comme théorie politique, n’est pas synonyme de désordre. Proudhon, le premier à s’en réclamer, anticipe d’emblée cette fausse représentation de l’idéologie anarchiste dans ce qu’il appelle sa « profession de foi » (Qu’est-ce que la propriété ?) : il écrit ainsi « quoique très ami de l’ordre, je suis, dans toute la force du terme, anarchiste » (cité par Guérin, 1999 (1970), I : 34). Mais si l’anarchiste peut se dire « très ami de l’ordre », certainement n’est-il pas un défenseur de l’ordre social établi qui correspond toujours selon lui à l’aliénation du plus grand nombre par l’élite dirigeante. De fait, à partir du XIXe siècle, l’anarchie désigne essentiellement un courant politique qui peut se résumer au seul refus de toutes les formes d’autorités, principalement politiques et religieuses. Ce refus se fait au nom de la revendication de liberté absolue pour l’individu – ce qui explique l’emploi du terme « libertaire » souvent employé pour « anarchiste ». Cette liberté qui doit rendre chacun, selon l’expression de Proudhon, « autocrate de lui-même », s’oppose frontalement à l’obéissance du citoyen exigée par le pouvoir politique, quelle que soit la forme de ce dernier.