Écrire
(J'ai déjà publié ici, il y a quelque mois, cet extrait de "Vieux Chagrin" de Jacques Poulin, où l'auteur nous donne en quelques paragraphes une magistrale définition de l'acte d'écrire. Pour un tas de raisons, j'ai eu envie de vous la refaire lire...)
"Quand vous commencez à écrire une histoire, vous êtes comme un voyageur qui a vu de très loin un château. Dans l'espoir de l'atteindre, vous suivez un petit chemin qui descend au flanc d'une colline vers une vallée couverte de forêt. Le chemin se rétrécit et devient un sentier qui s'efface par endroits, et vous ne savez plus très bien où vous êtes rendus; vous avez l'impression de tourner en rond.
De temps en temps, vous traversez une clairière inondée de soleil, ou vous franchissez une rivière à la nage. Au sortir de la forêt, vous escaladez une petite montagne. Parvenu au sommet, vous apercevez le château, mais c'est sur la colline suivante qu'il se trouve, et il est moins beau que vous ne l'aviez cru: il fait penser à manoir ou à une grande villa.
Sans perdre courage, vous descendez encore une fois dans une vallée, vous traversez une forêt obscure en suivant un sentier presque invisible, puis vous grimpez au sommet de la colline et, à bout de force, vous arrivez enfin devant le château.
En réalité ce n'est pas un château, ni un manoir, ni même une villa: c'est plutôt une vieille maison délabrée et, curieusement, elle ressemble beaucoup à celle où vous avez passé votre enfance."

Jacques Poulin
"Le vieux chagrin"
p.62
Jell-O d'anniversaire
Ne reculant devant aucun nouveau défi, et grâce à un cadeau "kit complet" d'amis j'ai, pour la première fois en 48 ans d'existence, fait un bol de Jell-O!J'ai tellement relu la notice explicative pour être certain de ne pas me tromper, que je peux vous la réécrire par coeur. Avec d'ailleurs la petite modification que mes charmants fêteurs m'ont suggérée....Donc: faites bouillir une tasse d'eau chaude (250ml). Versez l'eau sur la poudre de Jell-O, en vous assurant qu'elle se dissout complètement. Versez ensuite une tasse (250ml) d'eau froide. Réfrigérez. (Ouf... j'ai failli le mettre au four). Vous m'avez bien suivi?
Sauf que, remplacez la tasse (250ml) d'eau froide par une tasse (250ml) de vodka dont la bouteille fut préalablement laissée au congélateur....
Vous m'en donnerez des nouvelles. L'effet est disons... saisissant. (De la gelée qui gèle, disons..)
Vous risquez même de trouver que finalement un Musée à la Gloire du Jell-O n'est pas aussi de mauvais goût qu'on pourrait le croire au départ....

Banane...
...comme dans " banane iversaire"....
Ben oui. C'est mon anniversaire.
J'ai des amis au grand coeur, une amie douce au mien, le sourire aux lèvres et
le printemps dans la tête, voire au corps...
Bref, je suis heureux.
Et je vous souhaite le même cadeau.
Parlant de coup de pied au....
Tout le monde peut se tromper comme disait le porc-épic en descendant de la brosse à cheveux….
Et bien, il semble que je me sois parfaitement fourvoyé lors de l'article précédant sur le "sit facil à lir" de la Ville de Montréal. (Que je viens de retirer d'ailleurs, non pour camoufler mon erreur, mais pour ne pas continuer à répandre une analyse qui s'avère erronée.)
Pour mémoire, ce site emploie un orthographe extrêmement simplifié, pour permettre aux handicapés intellectuels de "lire" les informations de la Ville.
La démarche est semble-t-il, on ne peut plus sérieuse, et a été conduite sous la direction de spécialistes en déficience intellectuelle. Ceux-ci affirment que ce type de langage simplifié aide effectivement (et de façon mesurable) beaucoup de handicapés intellectuels à comprendre et à saisir des choses là le langage normal ne leur dit strictement rien.Alors, mea culpa, et deux fois plutôt qu'une…Et même bravo, si ce genre d'initiative permet effectivement à des gens d'avancer et de vivre…
Imparfait
(Texte proposé au collectif d'improvisation écrite Coïtus Impromtus
Le thème cette semaine: "Imparfait du subjonctif".)Que je l'eusse su…
Que je le fit
ou que je l'eusse dit…
Lustucru…?
Qu'elle plût à mon coeur
ou qu'il plût dans mon âme,
subjugués,
dépassés,
submergés…
Noyés de doute, d'incertitude ou de volonté,
Subordonnés au subjonctif.
Nous n'eûmes été que
ce que nous sommes. Imparfaits.
Mots de combat
Il y a des marées contraires.
Des vents tourbillonnants.
Des orages soudains,
des hivers de retour,
des pluies acides,
et des sables mouvants.
Il n'y a pas de terre tranquille,
ni d'abri infini.
Pas de havre parfait,
ni d'Eden qui perdure.
Les oiseaux ne chantent pas toujours
dans la grisaille des printemps tardifs,
et les mots ne chantent pas sans faute
dans le torrent du présent.
Les routes sont dessinées
de chausse-trappe en pièges,
recouvertes de gisants.
Il n'y a que nos regards, nos fois,
nos désirs et nos folies
pour garder cap dans tout cela.
Et un pas tranquille, suivi d'un autre,pour marcher cette marche là.
Cadeau d'amour
(Elle m'a offert un livre de mots magnifiques. En voici quelques-uns...)Toute la nuit, j'ai dormi avec toiprès de la mer, dans l'île.Sauvage et douce tu étais entre le plaisir et le sommeil,entre le feu et l'eau.Très tard peut-être nos sommeils se sont-ils unispar le sommet ou par le fond,là-haut comme des branches agitées par le même vent,en bas comme rouges racines se touchant.Peut-être ton sommeils'est-il aussi dépris du mienet sur la mer et sur sa nuitm'a-t-il cherché comme avant toi et moi,quand tu n'existais pas encore,quand sans t'apercevoirje naviguais de ton côtéet que tes yeux cherchaient ce qu'aujourd'hui- pain, vin, amour, colère -je t'offre à pleines mainsà toi, la coupequi attendait de recevoir les présents de ma vie.J'ai dormi avec toitoute la nuit alorsque la terre en sa nuit tournaitavec ses vivants et ses morts,et lorsque je me réveillaissoudain, par l'ombre environné,mon bras te prenait par la taille.La nuit ni le sommeil n'ont pu nous séparer.J'ai dormi avec toiet ta bouche, au réveil,sortie de ton sommeilm'a donné la saveur de terre,d'algues, d'onde marine,qui s'abrite au fond de ta vie.Alors j'ai reçu ton baiserque l'aurore mouillaitcomme s'il m'arrivait de cette mer qui nous entoure."La nuit dans l'Île"
Pablo Neruda
Petit n'importe quoi venu comme ça
Je passerai sous n'importe quelle porte,
n'importe quel porche,
au delà de n'importe quelle grille,
te tenant dans mes bras.
Et quelque soit n'importe quel endroit,
quand je le traverserai
je t'épouserai.
Aussi sûrement que tu épouseras
la forme de mes bras.
Et que je te serrerai.Contre moi.
Big Crunch
(Il y a près de trois mois, j'ai publié ici ce petit article. Au vu de l'actualité du moment, je me suis dit qu'il ne serait pas idiot de vous le reproposer. Disons que c'est mon modeste caillou dans l'Everest des commentaires sur le décès de JPII.)La Question de ma MèreIl est né le même jour que Galilée. Il dirige la chaire que dirigeait Newton à Cambridge (UK). Et il est en train de corriger les thèses d'Einstein...
Accessoirement il est atteint de la maladie de Lou Gherrig qui tue normalement en 5 ou 6 ans.. Lui, ça en fait plus de quarante qu'il refuse de la laisser gagner.

C'est d'ailleurs ce qui m'a le plus bouleversé lors de cette entrevue faite avec lui en '95, dans son minuscule bureau de cette université plusieurs fois centenaire. Il donne l'impression de s'accrocher à la vie par les pupilles, petits points noirs contractés à l'extrême par la médication. Regard qu'il darde en vous littéralement, quand son ordinateur vocalise la réponse qu'il a écrite péniblement d'un seul doigt.
Steven Hawkins n'a que ça pour communiquer en direct, un doigt. Sur l'écran de son ordinateur défile en permanence un dictionnaire. Mots, verbes conjugués etc. Il les "pêche" un par un, d'un clic de souris et les dépose en bas d'écran pour former ses phrases. Quand il a fini, re-clic, la voix métallique du vocalisateur remplace la sienne qu'il a perdu depuis longtemps...
J'ai passé cinq heures avec lui, interrompu une fois par une crise d'étouffement où j'ai bien cru avoir achevé à coup d'éclairages brûlants, le génie du monde actuel...
L'entrevue montée et diffusée durait 12 minutes.
Hawkins cherche à unifier les deux théories physiques parfois contradictoires de l'infiniment petit et de l'infiniment grand. Il m'a dit qu'il croit qu'elle doit être au fond tellement simple "que n'importe quel chauffeur de taxi va la comprendre."
Il calcule comment au Big Bang, succèdera le Big Crunch.
Avant mon départ, ma mère m'avait suggéré une question pour lui. Elle était fâchée de ce qu'une fois à Rome, pendant un congrès d'astro-physiciens, le Pape Jean-Paul II (Djipitou pour les intimes) avait félicité Hawkins "pour son beau travail" mais l'avait exhorté à ne pas étudier le Big Bang qui était, disait-il, "le moment de Dieu". Maman voulait savoir ce qu'Hawkins en pensait...
Assis à côté du savant, je pouvais voir les phrases qu'il formait mot par mot. À cette question, j'ai vu les mots suivants s'inscrire en bas d'écran: "I think Church should mind it's own..."
Le prochain mot allait être clairement... "businness".

Hawkins s'est arrêté, m'a regardé et a effacé la phrase.
Et à toute vitesse (vitesse toute relative bien sûr) il a écrit (Traduction):
"Je crois que l'Église devrait être prudente lorsqu'Elle parle de Science. Sinon Elle risque de se retrouver avec les mêmes problèmes qu'Elle a eu avec Galilée."
Très "camera conscious", Hawkins a attendu la fin de sa phrase vocalisée, pour se retourner lentement vers la caméra avec un immense sourire....
Wouah! La drop...:-)

Si je vous comprend bien, vous me préférez esseulé, en manque d'amour, vaguement nostalgique, voire carrément en douleur...Ben tant pis... Je suis en pleine forme, c'est le printemps.Et je suis amoureux...
Le Mur du Silence

Avril 2002, métro Mont-Royal. Un mur de radios/télés muettes. Le trottoir pour 1700 artisans. Dont moi. Un souvenir.
Une façon peut-être aussi de vous dire que je n'ai pas fini d'écrire.
Seulement que parfois vaut mieux vivre que le dire.

"Si on oublie le passé, on ne peut comprendre le présent.
Encore moins appréhender le futur."
04-94 /
Fi Sina /
Journalisme/
Pierre / Que montrer? / Antidote à la pensée unique
"Je viens je ne sais d'où;"
Je suis je ne sais qui;
Je meurs je ne sais quand;
Je m'étonne d'être si joyeux."
Martinus von Boberach