lundi, janvier 31, 2005
dimanche, janvier 30, 2005
"Tuerieologie" 101
Je ne reprendrai pas ici ce qu'il développe lui-même très bien, mais plutôt de la montée généralisée de la violence qui me frappe (sans jeu de mots) et m'effraie depuis longtemps.
Je veux dire: la montée "en intensité" de la violence… De la vieille dame battue à mort ou presque, en pleine rue par des ados de Montréal, au "dépanneur" attaqué avec une brutalité insensée, c'est la sauvagerie qui est la plus troublante.
La banalisation strictement ludique de la violence extrême (films, jeux vidéo etc.) est en train de saper les valeurs humaines les plus fondamentales. J'ai vu de trop près ce que donnait l'absence soudaine de garde-fous (voir 04-94) pour croire que ce genre de dérapage n'est réservé qu'aux "autres". "Ailleurs".
Il est impossible de vivre à plusieurs sans le vernis fragile mais indispensable d'un respect minimum. De l'autre. Des objets communs (mobilier urbain, parcs etc.) créés ou entretenus par d'autres dont on bafoue l'effort et le travail en les maltraitant. Le "je-m'en-foutisme" est l'anti-chambre du "au-plus-fort-la-poche",
et partant de là, de la guerre civile totale.
J'exagère? Les inégalités sociales, la pression de la performance, amènent de plus en plus de gens à "craquer". Ce n'est pas nouveau. Mais l'insensibilité grandissante envers l'horreur des moyens employés est franchement cauchemardesque.
Pour illustrer son propos, Marcus publiait cette image de jeu vidéo, ironisant qu'au moins ce n'était pas un paysage québécois…
Mais pour ceux qui atteignent un tel stade de désensibilisation, qui dit qu'un jour le "paysage" ne deviendra pas une rue du Vieux Québec par exemple. Et que soit franchi le pas entre le virtuel et la réalité…


Lettre circulaire...
Et ne manquez pas la petite anecdote que j'y rajoute à la fin....:-)
"À voir se démener les bureaucrates de ce monde, on ne peut que conclure que toute personne née dans les années 40, 50, 60, voire même au début des années 70, n'aurait techniquement pas dû survivre.
Pourquoi?
À l'époque, bains d'enfant, pots de chambre, camions de pompier et autres objets étaient égayées des vives couleurs de magnifiques peintures à base de plomb. Pas de flacons de médicaments, briquets, portes d'armoires "à l'épreuve des enfants". On se promenait en vélo sans casque, sans coudes et sans genouillères. Et tout le monde faisait "du pouce"…
On buvait de l'eau directement du boyau d'arrosage, pas filtrée et pas dans une bouteille. On mangeait des petits gâteaux, du pain avec du beurre, et des boissons gazeuses avec plein de sucre, mais on n'avait pas trop de problème de poids parce qu'on passait presque tout notre temps à jouer dehors et on ne revenait à la maison que quand les lumières de rue s'allumaient. Personne ne pouvait nous rejoindre de la journée. Pas de cellulaires…
On n'avait ni Playstation, ni Nintendo 64, pas deX-Box, jeux vidéo, 99 postes sur le câble, pas de films sur cassettes ou DVD, pas de système de son "surround", d'ordinateurs personnels ou de chat sur internet.
On avait des amis…
On jouait au ballon et parfois le ballon nous faisait vraiment mal. On tombait d'un arbre, on se coupait, on se cassait un os ou une dent et il n'y avait pas de poursuites judiciaires. C'était des accidents. Personne à blâmer que nous-mêmes.
On se tiraillait, on recevait un bon coup sur le nez, on avait des bleus, on apprenait à passer à travers et à gérer des conflits. On s' inventait des jeux avec des bâtons et des balles, on mangeait des bibittes.On allait en vélo ou à pied chez nos amis. On frappait à la porte ou on entrait tout simplement. On parlait.
Si on voulait jouer au baseball ou au soccer, il fallait faire l'équipe. Ceux qui n'étaient pas choisis apprenaient à vivre avec une chose, quasi-inconnue aujourd'hui, qu'on appelle la déception. Certains élèves avaient plus de difficulté que d'autres, alors ils redoublaient leur année. Les examens n'étaient pas "pondérés". Ni réajustés. Mais on apprenait quelque chose…
On vivait avec les conséquences de nos gestes. Les parents étaient du même côté que la loi. Inimaginable….
On a connu la liberté, l'échec, le succès et la responsabilité. Nous avons surtout eu la chance de grandir avant que les avocats et les gouvernements ne gèrent notre vie dans les plus petits détails, "pour notre bien"…."
Me revient en mémoire une histoire assez récente, à laquelle je n'ai pas cru jusqu'à ce que des collègues en vérifient l'authenticité pour les besoins d'un reportage. (Vous n'y croirez pas non plus, mais je répète c'est un fait avéré.)
Une américaine s'est acheté un gros "Winnibago" (Genre maison mobile, pour ceux qui ne connaissent pas.) Une fois sur l'autoroute, la dame a enclenché le régulateur de vitesse (cruise-control).
Elle a lâché le volant et s'est levée pour aller se faire un café à l'arrière du véhicule…
Évidemment… Accident.
La dame a poursuivi la compagnie, parce qu'il n'était écrit nulle part qu'il fallait rester au volant quand le régulateur était en fonction dans ce véhicule…
Elle a gagné son procès.
Winnibago affiche maintenant un avertissement en ce sens dans l'habitacle du conducteur…
J'ai cru que cette histoire (à l'instar de celle des obèses qui poursuivent McDonald, ou les fumeurs, les compagnies de tabac), n'était pas sans rapport…
Cohérences
Ne vous méprenez pas. Je revendique (et reconnaît à tous) le droit d'être une chose et son contraire. Être une véritable "contradiction sur deux pattes" est non seulement inhérent à la nature humaine, c'en est aussi un des plus formidables ressorts, voire une source parfois de sa précieuse magie.
Ce qui est moins acceptable, c'est de tenir un discours et ne pas vouloir voir (encore moins admettre) que les gestes posés sont contraires. Et il y a pire. Confondre culpabilité et responsabilité.
L'actualité (entendre les nouvelles de ce monde) en fournit des exemples en assez grand nombre pour nourrir 20 chaînes d'information continue. Mais, ce ne sont pas ceux qui m'atteignent le plus. Ni auxquels je pense ici.
Ces derniers temps autour de moi, j'ai entendu proclamer, s'Indigner, juger ou sous-entendre. J'ai surtout vu projeter. De soit-disantes lucidités qui s'arrêtent trop souvent au seuil même de celui ou celle qui les professent haut et fort. Ayez le malheur de noter la chose, et vous ressentirez toute la force de la fameuse phrase: "don't kill the messenger"..Quand vous n'aurez pas droit à une re-lecture hallucinante (et hallucinée) de vos propres mots. Avec en prime, l'accusation d'être vous, ce que vous venez de voir…
Très souvent, ces aveuglements plus ou moins involontaires ont comme sources (où génèrent, tel le serpent qui se mord la queue) des lacs souterrains de sentiments coupables.
Mais se sentir coupable est le choix de la voie facile. Être responsable de ses gestes (autant que de ses mots) est plus exigeant.
Faillir lorsqu'on admet (et prend) sa responsabilité, n'a rien d'un péché coupable. L'erreur est notée, comprise au mieux, et si elle se répète ce sera de moindre façon et ainsi de suite jusqu'à ne plus se reproduire.
Préférer se faire croire, fermer les yeux, s'excuser, trouver le bon bouc, le "il", le "elle", les "eux" , fuir son regard intérieur, avoir peur de sa peur, crée autant de couches soit-disant protectrices qui se superposent sur le lit de l'âme et y pourrissent lentement. À en contaminer sa propre fibre.
Avec (Ô paradoxe) comme "effet secondaire" de rester immobile, comme en hypnose, devant son propre nombril.
Alors, il n'est plus possible de parler franc, Direct. Simplement. On louvoie, ménage, contourne, évite, sans jamais aller au bout des choses. Ni avec les autres, ni avec soi-même.
Nous sommes responsables de ce que nous sommes. Pas coupables.
Et la première (et la plus grande) de nos responsabilités, c'est de les prendre.
Et d'oser s'en parler.
(N.B. Ce texte est une réflexion personnelle, ouvert à la discussion. Il n'a pas été voulu et n'est d'aucune façon une "lettre" envoyée à une ou des personnes en particulier. Je refuse de laisser utiliser mon site comme "lavoir" de linge sale de qui que ce soit. Et je suis désolé de devoir dire que j'enlèverai tout commentaire transgressant cette note. Malheureusement, des limites doivent être imposées à ceux incapables de se les imposer eux-mêmes.)
Exposition I... la suite
Ce que vous apercevez dans mon oeil magique,
ce sont les toutes nouvelles images de l'Exposition I.
samedi, janvier 29, 2005
Salut Marcel
Marcel Tremblay s'est suicidé hier soir. Sa famille, présente, ne sera pas inquiétée. Le suicide n'est plus un crime au Canada depuis plus de 30 ans.
Je trouve qu'il y a peu de gestes aussi porteur d'espoir. De grandeur. De vie. Celui d'un humain qui dit à d'autres humains... Vous êtes libres. Vous vous appartenez. Mieux vaut perdre la vie, que de perdre son âme.
Salut Marcel... Et merci.
jeudi, janvier 27, 2005
Exposition III

Permettez-moi donc à nouveau de vous convier à un petit délire de mon cru, il est facile à trouver, vous n'avez qu'à cliquer ici!
lundi, janvier 24, 2005
Un bar. Une nuit.
Vous êtes invités à cette petite exposition poético-photographique.
*
À effacer ses mots, ses traces, jusqu'aux chemins parcourus,
surtout les plus difficiles, les plus tortueux, que le risque est
grand de retomber plus loin dans les mêmes ornières.
Comment grandir, aller plus loin si, lorsqu'on se retourne,
l'origine de nos pas, nos écarts, nos découvertes aussi
ont disparu dans le brouillard d'oublis volontaires?
Au delà de la tristesse d'avoir un ami perdu,
je veux ici, témoigner d'une vérité que je pense
universelle et à laquelle je crois profondément.
Connaître le passé permet de comprendre le présent,
et parfois éclaire un peu vers ce qu'il y a devant.
dimanche, janvier 23, 2005
samedi, janvier 22, 2005
Évolution
Entre ceci:

Photo: William Anders NASA (1968)
...Il ne s'est écoulé que 65 ans...
Ah oui, c'est vrai. Entre les deux, il y a eu ceci aussi.

Photo: US Air Force (Nagasaki 1945)
Cadeau. Allez écouter et voir ça :
vendredi, janvier 21, 2005
jeudi, janvier 20, 2005
Que montrer?
Plus sérieusement ce sont des questions que je me pose moi-même, depuis le premier jour où j'ai commencé à en faire.
Je n'ai qu'une seule réponse. Elle m'a servit depuis le début, chaque fois que j'avais un choix à faire. Je montre ça? Ou non? Pourquoi? À quoi, à qui ça sert? J'ai déjà eu des débats publics à ce sujet.
La réponse, enfin disons une réponse, je l'ai eue en écoutant une entrevue faite dans les années '80, par Anne Sinclair (7 sur 7) avec Pierre Desgraupes, alors grand patron de la télévision française.
Sinclair propose deux séquences à Desgraupes.
La première: une fillette (au Guatemala si mon souvenir est bon) est prise dans un torrent de boue. Accrochée à un arbre, elle est condamnée. Personne ne peut l'arracher à la terrible succion du sol. Le caméraman la filme, pendant de longues minutes, jusqu'à ce qu'elle disparaisse sous la boue.
La seconde: la version vidéo de cette fameuse photo à Saïgon, où le chef de police abat devant les caméras, un présumé combattant (ou espion) Vietcong.
La question: "Diffusez-vous ces images?" (Je cite de mémoire)
"La première, non. La seconde, oui." répond Desgraupes sans hésitation.
"Pourquoi?"
"La première est un drame inévitable. Personne ne peut sauver la fillette. Que je la montre et remontre en train de se noyer dans la boue, n'empêchera jamais une autre fillette dans un autre cataclysme identique, de mourir de la même façon.
La seconde est bien différente. C'est une violence faite par un homme sur un autre homme, au nom d'une idéologie politique. Si je montre cette violence, absurde, si je la dénonce, je peux à terme faire que cettte image empêche d'autres hommes, plus tard, de répéter la même violence."

mercredi, janvier 19, 2005
Voir
"Bagdad"
Huile sur bois 5'x4'
Photo: Michel Lemay
"Sans Titre"
Huile sur bois 4'x2'
Photo: Michel Lemay
mardi, janvier 18, 2005
Interférences
Et par ma propre chatte!
C'est la photo des chats de la mère de Catherine qui m'a donné l'idée. Me critiquer moi-même. À voir. À suivre. Et tout ce genre de choses...
Elle s'appelle Pétronille...
Pas eu le choix. Elle a sa page. (Voir mes liens. Là, à droite..)
Et elle ne miaule pas ses mots. (Si je puis dire).
dimanche, janvier 16, 2005
Pierre
J'ai déjà écrit ici sur mon ami Pierre. Je ne me résoudrai jamais à le résumer.
Il s'est enfui un jour de printemps. Il y a douze ans. Il a galèré un mois en France, puis il s'est rendu à Bruxelles, et de là à Ostende. Parce que Ferré.
"Comme à Ostende et comm' partout. Quand sur la ville tombe la pluie. Et qu'on s'demande si c'est utile. Et puis surtout si ça vaut l'coup, Si ça vaut l'coup d'vivre sa vie." (Comme à Ostende, Paroles J-R Caussimon)
Avant de se jeter à la mer (il ne savait pas nager), il a posté un cahier, le journal en fait, de son dernier voyage. J'ai fini par en hériter. Il en a peint la couverture. Au travers des pages, des morceaux d'images collés, des billets de train, fragments de cartes, entrées de Musées... Des dessins. D'autres écrits griffonnés sur des nappes en papier...
"Il dit que ça a assez duré(...) Que c'est asez donc. Qu'il a fait le tour du jardin. Qui lui restera à jamais étranger" (Québec le 6 mai)
"Il dit que c'est la mèche qui manque. Pas le feu." (Paris, le 29 mai)
Le texte est bouleversant. Pierre écrit tout à la troisième personne. Au bout de quelques jours, il s'en explique:
"Il dit qu'il aurait pu laisser tomber la première personne, il y a longtemps. Que le temps où il l'a utilisé est du temps perdu. Mais que le temps perdu n'est jamais vraiment une perte. Il dit que la première personne est celle qu'il vaut mieux quitter la première. Qu'on quitte ensuite les autres sans douleur." (Aix, le 17 mai)
"Il dit que ça la lui a donné un coup lorsqu'il a demandé un aller pour Stend et que le préposé lui a dit: "Vous ne revenez pas?"
(Bruxelles, le 7 juin)
Les dernières lignes:
"Il dit qu'il aurait préféré un jour de pluie. Il dit qu'il a assez fait durer. Il dit qu'il a assez duré."
Je me suis promis qu'un jour je le ferai publier. J'ai bien l'intention de tenir ma promesse.
Auto-portrait, crayonné sur une feuille, qu'il m'a laissé un jour en visite à Paris, en guise d'au revoir.
P.S. Pourquoi raconter tout çà? Ici? Parce que c'est ce qu'il m'a demandé. C'est ce qu'il a écrit. C'est pour ça qu'il a envoyé le cahier. Il y a longtemps déjà. Trop.
"Il dit qu'il voudrait que les mots passent par les amis.Pour les authentifier. Il dit qu'il ne sait pas ce qu'il en sera." (Aix,le 18 mai)
Incroyable Noire Fortune Arrivée Redoutable Criant Tonnerre Univers Sabré
Le texte est dans ma nouvelle section.
samedi, janvier 15, 2005
La question de ma mère
Accessoirement il est atteint de la maladie de Lou Gherrig qui tue normalement en 5 ou 6 ans.. Lui, ça en fait plus de quarante qu'il refuse de la laisser gagner.
C'est d'ailleurs ce qui m'a le plus bouleversé lors de cette entrevue faite avec lui en '95, dans son minuscule bureau de cette université plusieurs fois centenaire. Il donne l'impression de s'accrocher à la vie par les pupilles, petits points noirs contractés à l'extrême par la médication. Regard qu'il darde en vous littéralement, quand son ordinateur vocalise la réponse qu'il a écrite péniblement d'un seul doigt.
Steven Hawkins n'a que ça pour communiquer en direct, un doigt. Sur l'écran de son ordinateur défile en permanence un dictionnaire. Mots, verbes conjugués etc. Il les "pêche" un par un, d'un clic de souris et les dépose en bas d'écran pour former ses phrases. Quand il a fini, re-clic, la voix métallique du vocalisateur remplace la sienne qu'il a perdu depuis longtemps...
J'ai passé cinq heures avec lui, interrompu une fois par une crise d'étouffement où j'ai bien cru avoir achevé à coup d'éclairages brûlants, le génie du monde actuel...
L'entrevue montée et diffusée durait 12 minutes.
Hawkins cherche à unifier les deux théories physiques parfois contradictoires de l'infiniment petit et de l'infiniment grand. Il m'a dit qu'il croit qu'elle doit être au fond tellement simple "que n'importe quel chauffeur de taxi va la comprendre."
Il calcule comment au Big Bang, succèdera le Big Crunch.
Avant mon départ, ma mère m'avait suggéré une question pour lui. Elle était fâchée de ce qu'une fois à Rome, pendant un congrès d'astro-physiciens, le Pape Jean-Paul II (Djipitou pour les intimes) avait félicité Hawkins "pour son beau travail" mais l'avait exhorté à ne pas étudier le Big Bang qui était, disait-il, "le moment de Dieu". Maman voulait savoir ce qu'Hawkins en pensait...
Assis à côté du savant, je pouvais voir les phrases qu'il formait mot par mot. À cette question, j'ai vu les mots suivants s'inscrire en bas d'écran: "I think Church should mind it's own..."
Le prochain mot allait être clairement... "businness".
Hawkins s'est arrêté, m'a regardé et a effacé la phrase.
Et à toute vitesse (vitesse toute relative bien sûr) il a écrit (Traduction):
"Je crois que l'Église devrait être prudente lorsqu'Elle parle de Science. Sinon Elle risque de se retrouver avec les mêmes problèmes qu'Elle a eu avec Galilée."
Très "camera conscious", Hawkins a attendu la fin de sa phrase vocalisée, pour se retourner lentement vers la caméra avec un immense sourire....
mercredi, janvier 12, 2005
Le ravissement de la détresse
L'expérience la plus saisissante qu'il m'ait été donné de ressentir à ce chapitre, c'est Gabrielle Roy qui me l'a fait vivre. J'ai lu "La détresse et l'enchantement" en pleurant à toutes les quatre/cinq pages. Ses mots, sa sensibilité, ses tourments et ses joies résonnent absolument avec mes propres vagues intérieures.
Là est l'absolu miracle de l'écriture. Une femme, née 50 ans avant l'homme que je suis, à l'autre bout du pays, dans une époque qui n'a rien à voir avec celle qui m'a formé, que je n'ai jamais connue… m'a bouleversé comme bien peu d'êtres l'ont fait.
Parce que dans d'infinis détails, je ressent exactement ce qu'elle a écrit avoir ressenti. Je pourrais citer des centaines d'exemples, je vous en propose un.
J'ai écrit en décembre '93 une petite chanson, dont une strophe exprimait ce qui me manque le plus l'hiver.
Un mois plus tard, ma mère m'a offert "La détresse…" . Et je suis tombé sur ce passage…
Allez voir les liens, vous allez comprendre vraiment ce dont je viens de vous parler.
Et après, relisez-là, elle.
Et goûtez jusqu'à quel point elle écrivait de façon absolument magnifique.
Photo : Annette et Basil Zarov.
lundi, janvier 10, 2005
Lâchetés et tremblements
Un chef de cabinet, dans le bureau d'un proprio de bar à danseuses, qui discute permis de travail pour des effeuilleuses roumaines. Sa ministre en Chambre qui justifie le tout en parlant des "besoins du marché"…
Côté face:
Irshad Manji, féministe, lesbienne ET musulmane, qui dénonce (entre autre) les imams de Toronto qui prêchent :"le Jihad ne commence pas en Afghanistan ni en Iran mais ici, à Toronto..", et qui refuse un garde du corps (malgré des menaces de mort) parce que dit-elle, les femmes auxquelles elle demande de se tenir debout n'en auront pas, elles…
Côté tranche: un gouvernement qui préfère demander à une cour d'examiner la question des tribunaux islamiques plutôt que de trancher lui-même.. Ou qui a peur de se prononcer sur le mariage gay… Ou la décriminalisation du "pot".. Un autre qui donne $125,000 pour le tsunami et dépense 30 millions$ pour hésiter à construire un hôpital…
Côté jardin:
Vous pensez que je dénonce les politiciens? Pas seulement.
Demandez-vous combien de fois vous vous taisez quand quelqu'un
vous dit quelque chose d' inacceptable mais que vous préférez
éviter l'affrontement…
Côté cour:
Le "politically correct" n'est pas que l'apanage des dirigeants. Nous n'osons plus trancher, faire des choix, affirmer certaines valeurs. Le "vivre et laisser vivre" perverti. Excuse facile. L'insoutenable lâcheté de pas être. Et d'en conclure que c'est la faute des "ils" de ce monde…
samedi, janvier 08, 2005
Puisqu'on a que l'amour...
Alors au lieu d'avoir froid, je suis allé retrouver de vieux amis, des mots écrits par d'autres, faisant d'ailleurs au passage quelques découvertes. (Vous saviez, vous que Khalil Gibran peignait?)
Et comme les amours sont troubles pour plusieurs ces jours-ci, je suis tombé sur ceci..
Extrait: "Le Prophète" Chapitre deux: Le mariage
"... laissez l'espace entrer au sein de votre union.
Et que les vents du ciel dansent entre vous.
Aimez-vous l'un l'autre, mais ne faites pas de l'amour une chaîne.
Laissez le plutôt être une mer dansant entre les rivages de vos âmes.
Emplissez chacun la coupe de l'autre, mais ne buvez pas à la même coupe.
Donnez à l'autre de votre pain, mais ne mangez pas de la même miche.
Chantez et dansez ensemble et soyez joyeux, mais laissez chacun de vous être seul.
De même que les cordes du luth sont seules pendant qu'elles vibrent de la même harmonie.
Donnez vos cœurs, mais pas à la garde l'un de l'autre.
Car seule la main de la Vie peut contenir vos cœurs.
Et tenez-vous ensemble, mais pas trop proches non plus :
Car les piliers du temple se tiennent à distance,
Et le chêne et le cyprès ne croissent pas à l'ombre l'un de l'autre."
"Esquisse du visage d'un prophète" Fusain 1920
"Le prophète" Khalil Gibran Texte intégral
vendredi, janvier 07, 2005
5 à 7
- "On est bien peu de choses finalement."
- "C'est pas grave, on est pas difficile…"
jeudi, janvier 06, 2005
Voir autrement
C'est rarissime qu'elles soient utilisées, mais il y a (ou en tout cas avait) des vannes en haut de la chute, pour permettre en cas de sécheresse, de faire monter le niveau de la rivière dans les terres en amont.
Or ce jour là, les vannes se sont fermées.
Et mon cousin, témoin de la scène, affolé a crié à mon Grand-Père:
"Grand Papa, les chutes sont tombées dans l'eau!"
Vérité
La vérité est un mince fil d'or, improbable et fragile, qui serpente approximatif dans les méandres de mille apparences, mille perceptions, mille expériences, mille sentiments.
Mille blessures.
Elle ne peut être que subtile, parfois changeante, du moins capable d'évoluer elle-aussi au rythme de notre propre capacité à l'appréhender.
Elle n'est pas absolue mais "à peu près".
Ce qui ne veut pas dire qu'elle n'existe pas.
Il est bien plus facile de la nier que d'apprendre à la voir.
Elle est souvent universelle aussi, même si nous la nommons parfois, chacun avec nos propres mots. Mais derrière les nuances de nos âmes, elle brille souvent d'une même couleur, d'un même éclat.
La vérité est un guide pas un maître. Elle sert à marcher, pas à s'asseoir. Encore moins à faire plier les autres. Ce n'est pas un roc, mais une cascade cristalline qui dévale les flancs de nos vies, disparaît parfois sous le sol de nos certitudes, pour rejaillir plus loin, rieuse et et invitante.
Comment ne pas en avoir soif?
Si elle ne peut que nous couler entre les doigts, même fugace, à peine entrevue, elle luit quelque part dans le brouillard de nos lâchetés, de nos mensonges et de nos peurs.
Elle n'a pas à être proclamée, érigée, sanctifiée.
Ce n'est alors que verbiage, malaise et vain tape à l'oeil.
Faux.
Pour tout dire.
mercredi, janvier 05, 2005
35,928 jours
"Te savoir partie c'est comme un chêne
vaincu une nuit par un grand vent.
Quand on se retourne pour regarder devant
on continue de le voir quand même..."
mardi, janvier 04, 2005
dimanche, janvier 02, 2005
Mais voir un ami mourir...
Ça n'enlève rien à ceux qui ont suivi.
Mais j'ai eu un ami. Un seul. Un profond. Un total.
Un peintre. Un écrivain. Un mal à l'aise avec la vie.
Qu'il s'est enlevée. Qu'il est allé noyer à Ostende.
Il y a, déjà, une bonne douzaine d'années.
Il s'appelait Pierre.
Il m'a montré Pollock, il m'a appris Cézanne.
La Ste-Victoire: Atelier Cézanne
Il nous a filé entre les doigts,. Nous, deux/trois amis proches.
J'ai pleuré. J'ai engueulé. J'ai fini par fermer ma gueule.
Si,
si t'avais dit
si t'avais pu
si j'avais vu au bon moment
toutes ces larmes que tu n'pleurais plus
auraient du m'dire depuis longtemps
qu'il était temps.
Si,
si ce soir là,
tu m'avais eu
t'avais pas fui sur quelques mots
pourriraient pas au fond d'ma peau
ceux qui riment trop avec ta mort
comme mes remords....
Si,
t'avais gémi
t'avais appelé
j't'aurais hurlé t'as mal compris
quand tu t'déchires de s.o.s.
c'est des bouteilles , pas tes vieux os,
qu'tu lances à l'eau...
salaud...
Si,
j'pouvais t'prouver
j'pouvais t'montrer
toute la beauté qu'tu m'as donnée,
entr'nous y'avait qu'des portes ouvertes
comment t'raconter toute la perte
que j'ai d'les voir toutes refermées...
The deep: Jackson Pollock
Ironie.. Il m'a présenté à la plus belle toile qui soit. Et c'est lui qui est parti dedans...
De retour avant la pause
samedi, janvier 01, 2005
Aux larmes citoyens!
Un jour, l'amour demande à l'amitié :
«Pourquoi existes-tu?»
Et l'amitié lui répond : « C'est pour sécher les larmes que tu fais couler...»
Le rideau de fer
(Petit extrait d'une autre chanson écrite il y a longtemps. Et qui malheureusement pourrait avoir été écrite aujourd'hui...)
"Pendant qu'on se lamente entre le fromage et le dessert
mais qu'on se console en admirant nos chiffres d'affaires
qu'on se convainct donc d'avoir raison sur ceux qui crèvent le ventre ouvert...
Une Terre entière à bout de nerfs qui hurle de faim,
des bruits de bottes qu'on veut faire taire en faisant rien.
Des pluies qui brûlent, des océans morts de chagrin
et toutes nos roses qu'on abandonne à leurs destins...
Pendant que l'oubli devient notre plus beau rideau de fer
que le monde se construit sur les ruines de nos cimetières
on peut dormir..
Nos rêves aussi
vont sûrement finir par mourir..." (BH Edmonton '94)
5,4,3,2,1...Fêtez!
Oui à l'instant inattendu où tout bascule,
non à l'émotion factice d'une
seconde qui passe et devient année.
Amer? Mauvaise soirée? Non plus.
Seulement vaguement las du convenu, du forcé un peu, du faut-y-aller-quand-faut-y-aller.
Mais comme écrivait mon ami Daniel hier, "demain il fera beau"...¨
Ça tombe bien. Il fait beau aujourd'hui.
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